Comme promis, mon long compte-rendu de la conférence de l'essayiste américain Jeremy Rifkin, au labo des Nuits Sonores 2012.
Jeremy
Rifkin entre en scène, débute son intervention l'air grave et
sérieux: "Je ne vais pas vous raconter des choses heureuses".
Le ton est donné.
Crédit photo: Maxppp
"Aujourd'hui
nous faisons face à une crise de l'espèce.
Juillet
2008, le prix du baril passe à 148 $, ainsi tous les produits lui
étant liés ont augmenté, car notre civilisation est à base de
combustible, et tout vient des énergies fossiles.
A
la suite de cet événement, 22 pays où le prix de la nourriture a
fortement augmenté, sont victimes d'émeutes. De plus, selon le
rapport de l'ONU, nous savons que le nombre de personnes vivant avec
2$ par jour s'élève à 1 milliard, sur la planète Terre. Un
véritable séisme.
On
sait donc qu'à 150 $ le baril on sait que l'économie va être
gelée: c'est ce qu'on appelle la notion de Pic Oil Quand
la Chine et l'Inde ont voulu prendre part au développement, tous les
prix ont augmenté, et donc le pouvoir d'achat a chuté. Ce sont les
cycles perpétuels de 5 à 6 ans, alternance de croissance, crise,
croissance, crise, etc.. L'autre source de combustible fossile
s'avère être le gaz de schiste, dont le coût est inaccessible.
Le changement climatique: il est bien pire que ce qu'on peut dire. Nous avons eu affaire à une sous-estimation du changement climatique. Aujourd'hui, nous atteignons la température de la période Pléistocène augmentée de 3°C, et ne sommes pas dans les mêmes conditions physiques.
Que
va devenir l'eau ?
Notre monde est construit par l'eau. Or, plus le degré augmente,
plus l'évaporation s'opère, et plus il y aura de précipitations,
et donc encore plus de catastrophes naturelles. L'écosystème
devient instable.
Toutes les espèces sont alors menacées, ce qui serait la 6è vague
d'extinction sous gouvernance humaine. La chimie de la planète a
changé et va encore changer. 70
% des formes vivantes vont disparaître.
Il faut une nouvelle vision écologique, réaliser un plan pour la
mettre en place très rapidement et quitter
le carbone d'ici 40 ans.
Pour réussir, nous devons mieux comprendre et analyser les anciennes
grandes évolutions écologiques par les changements de systèmes
énergétiques et les révolutions au niveau de la communication (une
réelle convergence d'idées).
Au XIXè sc, la convergence se fait au niveau de l'imprimerie. Tout comme aujourd'hui avec internet. On passe de l'impression manuelle à la machine rotative. Il fallait donc que le peuple soit lettré pour gérer cette industrie. Tout comme aujourd'hui avec internet. La IIè révolution se passe au XXè avec l'électricité: le téléphone, la culture de consommation de masse.. une révolution industrielle qui aujourd'hui est en fin de vie. Maintenant tout est trop cher, et les infrastructures s'effondrent. On ne peut pas faire accroître une industrie sur un ancien paradigme.
La
France et l'Allemagne vont devenir moteurs de cette révolution.
La communication a été révolutionnée par les ordinateurs
portables. Ce qui est intéressant avec internet est la manière dont
tout est lié de manière collaborative et latérale. Il faut que
cette convergence soit identique avec les nouvelles énergies,
réparties de la même manière. Sur la Terre, nous avons le soleil,
le vent, la mer et tant d'autres énergies naturelles et
accessibles.. Il faut les transformer en énergie utilisable par
tous, ainsi que pour les déchets.
La mise en place de 5 piliers est donc nécessaire.
- L'Union Européenne s'engage à avoir 20% d'énergie renouvelable.
- Collecter ces énergies partout en Europe (le soleil à Madrid, des parcs éoliens en Ecosse..). Les bâtiments deviennent les points majeurs de cette révolution. L'idée: tous ces bâtiments doivent être transformés en collecteur d'énergie (sur les toits pour le soleil, sur les fenêtres pour le vent..), ce qui créerait en plus des milliers d'emplois dans le secteur du bâtiment. Ces nouveaux bâtiments propres et producteurs constituent ce deuxième pilier de cette révolution. L'important réside dans cet distribution énergétique latérale. On génère, on distribue et on reçoit passivement. Des dizaines de milliers de bâtiments vont alors devenir producteurs d'énergie et les prix vont, dès lors, baisser. Tout comme à l'aube des premières ventes d'ordinateurs portables à un prix exorbitants, et aujourd'hui parfaitement abordables. Le soleil sur les toits est gratuit, comme l'information qu'on peut trouver sur internet. Malgré tout l'agriculture et le bétail restent de réels problèmes.
- Le stockage de cette énergie: le pilier le plus difficile par les énergies intermittentes. La solution est l'Hydrogène: technologie la plus performante, manière modulaire dans notre environnement.
- Les technologies: transformation du réseau en réseau intelligent. Grâce au stockage, l'habitant du bâtiment peut transmettre son énergie, tout comme on transmet de l'information.
- Le transport: d'ici 2015, les voitures doivent être hybrides et électriques. Le parc-mètre permettra de rebrancher son automobile. Et pour vendre cette électricité, nous serons aidé par un logiciel qui nous informera des quantités d'énergie que nous possédons, et à quel moment il est plus intéressant de le vendre ou bien au contraire de le garder. Le pouvoir sera donné aux gens. Dans le monde de l'industrie musicale par exemple, les gérants des maisons de disques n'ont pas su voir la réelle révolution de leur milieu avec l'arrivée d'internet, et ont prix à la légère le peer to peer. Tout comme la blogosphère et le monde de la Presse. La démocratisation de l'internet comme la démocratisation de l'énergie et de l'économie. Les entreprises doivent changer de rôle et devenir des agrégateurs.
L'Union Européenne est bien positionnée pour superviser cette révolution, avec 500 millions de consommateurs. Le but est de créer des milliers de pôles et de partager de manière collaborative jour et nuit sans interruption, cette énergie propre, de façon équitable. La nouvelle génération est prête. Il faut donc réunir les 5 piliers ensemble pour créer cette démocratie énergétique. Les grandes entreprises vont alors changer de rôle, être courtiers et non plus producteurs.
Allons-nous
y arriver à temps ?
Les
civilisations pensent en termes mythologiques. Rousseau nous dit que
nous avons des sentiments, nous sommes faits pour être sociables et
non des prédateurs. Il y a une empathie partagée, une conscience
théologique: au delà d'une tribu, vers une civilisation.
A
travers les révolutions arabes sur Facebook, nous avons vu que
l'espace social est en train de changer, comme la biosphère.
Définitivement
nous devons quitter le carbone, créer des emplois pour les jeunes,
et la France est sur la bonne voie. Les générations qui ne sont pas
encore arrivées, méritent de vivre bien. Il faut redonner vie à
cette Terre."
Coralie.
Il faut absolument que je te file le nom d'un documentaire je pense que tu vas kiffer !
RépondreSupprimerDes que je revois mon pote, je lui demande et je te passe l'info...
C'est vraiment en lien avec ton billet ! Super article...
Belle journée, bises.
M.